Journée internationale des personnes handicapées - Où en est l’inclusion des personnes en situation de handicap en Suisse ?
Le 3 décembre, c'est la Journée internationale des personnes handicapées. Qu'en-est-il de l'inclusion des personnes en situation de handicap dans la société en Suisse? Le point avec Sylvie Podio, directrice de Pro Infirmis Vaud.
© Pro Infirmis
3 décembre — 31e journée internationale des personnes handicapées ! Quid de l’inclusion des personnes en situation de handicap en Suisse ?
Commençons par quelques dates et chiffres qui illustrent la situation :
- 2004 : entrée en vigueur de la Loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand).
- 2014 : signature par la Suisse de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées.
- 2023 : indice de l’inclusion publié par Pro Infirmis Suisse :
- 4 personnes sur 5 en situation de handicap se sentent fortement exclues.
- Elles se sentent limitées dans leur participation dans au moins un domaine de la vie sur 10.
Le constat est parlant : les bases légales et constitutionnelles et les accords signés par la Suisse sont largement insuffisants pour permettre la participation sociale des personnes concernées. Chaque jour, de nombreux actes de la vie quotidienne qui nous paraissent anodins représentent pour elles de réels défis aujourd’hui.
Selon l’étude menée par Pro Infirmis, les domaines les plus touchés sont :
- La politique : 50 % des personnes interrogées se sentent exclues du monde politique et peu prises en considération par les politiciennes et politiciens.
- Le travail : 49 % estiment n’avoir aucune chance d’intégrer le 1er marché de l’emploi. Les personnes avec des troubles du langage (76 %) et des troubles cognitifs (60 %) sont particulièrement touchées.
- La mobilité : alors que la LHand devrait être mise en œuvre, 44 % des personnes se sentent très restreintes dans leur mobilité, 21 % limitées, essentiellement à cause des barrières architecturales.
Le nombre de personnes qui considèrent avoir un mauvais accès à la culture, aux sports et aux loisirs est aussi conséquent, tout comme celles qui pensent que leur choix en matière de formation est limité. Si pour le logement, les relations sociales, le droit, la santé ainsi que l’information et la communication, l’accessibilité est jugée un peu meilleure, il reste encore du chemin à parcourir. Ce sentiment d’exclusion suivant les domaines varie aussi en fonction de l’âge, du genre et des types de difficultés et troubles des personnes ainsi que des régions. À titre d’exemple, les 16-24 ans ressentent beaucoup plus fortement les exclusions liées à la formation. Pour ce qui est de l’accès aux loisirs, le sentiment de limitations est plus prononcé dans la région lémanique et la Suisse centrale.
L’inclusion des personnes en situation de handicap dans l’ensemble de notre société est indispensable. Comme tout le monde, elles doivent pouvoir exercer leur autodétermination, se déplacer librement, participer à la vie sociale et contribuer à enrichir la société. Afin que cette égalité devienne enfin une priorité politique, signez l’initiative pour l’inclusion.
Sylvie Podio, directrice de Pro Infirmis Vaud